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This is a text that I wrote on 5th July 2011, shortly before my 50th birthday. Seven years later the words still ring true inside me. I had written in French at the time, and I do not wish to translate it. Dans sept mois et vingt deux jours j’allais avoir exactement cinquante ans. J’étais très consciente de ce temps. L’énergie des grandes villes, telle que celle de Londres, aspire la vie rapidement, tel un enfant assoiffé aspire son jus de fruit par une paille. Aurais-je le temps de me préparer, me demandais-je ? Non pas parce que j’appréhendais ce cap de la cinquantaine, mais plutôt parce que je devais tout abandonner pendant cette courte période pour aborder et saluer ma Re-naissance. J’avais beaucoup de choses à trier, jeter, classer, bruler et oublier. Serait-ce possible ? Aurais-je la force ? Aurais-je le temps ? Pourtant une chose était certaine en moi, je croyais au pouvoir du Soi. Trop d’indices apparaissaient récemment pour que je puisse ignorer ce que la Nature me soufflait discrètement, cet état de malaise qui étouffait tout enthousiasme pour ce que jadis j’avais adoré : la peinture, l’Art, la musique, la danse, la passion de créer, toujours et partout, au fond de mon être, au bord des larmes, sous l’influence de l’Amour, dans les profondeurs des précipices. Il n’y a encore pas si longtemps, j’étais capable de faire sortir la lumière de la noirceur ; c’était même une noirceur que je vénérais, que j’entretenais car je savais qu’elle était l’origine de ma créativité, c’était ma Prima Materia. Puis soudainement tout s’arrêta. Je ne dirai pas du jour au lendemain, mais suffisamment vite pour que je puisse en prendre conscience et me voir me vider, comme un blessé mourant regardant la mare de sang s’étendre sous ses vêtements, puis couler sur le sol en un long ruissellement. Ce liquide noirâtre, scintillant sous la lumière d’un jour qui deviendra son dernier. Mais je ne me sentais pas prête à mourir ; même si je devais a présent aborder la vie comme une chose très précieuse, éphémère, insondable, j’avais cette certitude qu’il me restait encore un peu de temps pour apprendre à lâcher prise. Cet état qui était le fondement, la voie et le but de toutes les formes de Yoga pour arriver a la connaissance de Soi, a l’immortalité. Je relatais mon parcours intérieurement en me demandant si vraiment j’avais été moi dans mes choix de carrière, dans mes relations amoureuses et sociales, dans le pays que j’avais adopté depuis plus de trente ans. Étais-je moi dans ma manière de m’habiller, dans mon hygiène de vie? étais-je vraiment moi dans les thèmes que j’avais choisi pour exprimer mon art ? Tout à présent me paraissait faux, décalé. Combien de fois avais-je accepté les compromis soit par faiblesse, soit par erreur, soit par peur ? Mais étais-je vraiment la seule à avoir gaspillé les années par manque de courage, dirais-je même par manque d’encouragement ? Encore hier j’entendais ma mère me dire au téléphone que si elle avait pu elle aurait voulu savoir très bien nager et être pianiste. A soixante dix sept ans elle était consciente que ses deux désirs resteraient inassouvis, car a son âge le temps ne lui laissait plus le temps d’exploiter et de maitriser ces disciplines, c’est du moins ce qu’elle concevait. J’écoutais, j’absorbais ses paroles, et la petite voix intérieure me soufflait une fois de plus l’importance d’être vraie dans mes actes, dans mes choix, et que la peur était mon plus grand obstacle. Je parle de la vraie peur, celle qui nous enivre et qui nous fait perdre pied au moment de choisir, au moment d’agir. Aurions-nous vraiment peur de nous lancer dans ce que nous désirons si nous vivions entièrement seuls, en dehors de la société ? Pourquoi les vrais artistes aspirent-ils à la solitude, à l’exclusion sinon que pour s’unifier à leur Art a part entière, sans influence extérieure déstabilisante, afin d’éviter d’être happer dans le regard ou le jugement des autres, tout du moins dans la période de gestation créative. J’approchais du ravin, ma vie était en phase finale, allais-je mourir avec des regrets ? NON, j’allais à présent casser toutes ces formules de pensées toute faites qui m’avaient suivie depuis mon enfance, je me sentais enfin prête pour décevoir, rejeter, surprendre, miser, enjamber, disparaitre, renaitre. Pour qu’une transformation soit sincère et réelle il faut qu’elle se manifeste sur tous nos états, a commencer par notre corps physique qui est notre outil de base. Il doit être apte à recevoir notre nouvelle vision de penser et de ressentir. Un corps neuf pour un esprit neuf. A cinquante ans, un corps neuf ? Est-ce possible ? Si nous nous referons aux grands yogis des temps anciens tout est possible. J’étais néanmoins consciente de mes limites, et surtout de ma maturité karmique ; je ne cherchais pas à bruler les étapes dictées par la Nature Divine. J’étais encore très loin, même très très loin du stade de la conscience suprême, immortelle. Mais le corps physique a une grande intelligence que nous choisissons souvent d’ignorer. Notre esprit tellement fort n’en fait qu’a sa tête ! Nous vivons dans l’illusion constante que nous pouvons survivre a tous nos excès, rouler a cent a l’heure avec notre cœur, notre foi, nos poumons, nos intestins, sous l’empire du stress, des abus ou de notre rigidité mentale. Le corps humain est de seconde en seconde dans l’état de devenir, et c’est exactement ca qui nous échappe ! Devenir… tout était dans ce mot. Devenir enfin soi-même. Écouter le souffle doux, intérieur qui est en mouvement avec la Nature, qui SAIT lorsque nous sommes en unissons avec notre destin. Cette voix qui murmure et qui nous guide vers les endroits, les gens ou les situations qui sont propices a notre épanouissement. Cette voix intérieure n’attends pas de nous que nous soyons autre en faisant des concessions ou bien en se souciant du quant dira-t-on. Elle nous demande d’être VRAI. C’est une très grande demande, noble soit, mais o combien difficile ! Cette difficulté était devenue à présent mon flambeau. C’est par elle que j’allais renaitre. La flamme ardente allait nourrir mon cœur d’une passion violente qui allait ravager, bruler et calciner tout ce que j’avais cru être. Cette phase de destruction je l’avais si souvent exploité dans mes peintures, noyant les étapes primaires dans la térébenthine, a grands coups de jets pigmentés de bleu de Prusse ou de Sienne brulée. Je devais souvent attendre un ou deux jours pour voir le résultat, afin de déchiffrer ou percevoir les étapes suivantes. C’était l’époque ou je me mettais a corps et a sang dans mon atelier, faisant un va et vient pour bouger de grandes toiles que je pouvais tout juste porter, du mur au sol, suivant l’impulse nécessaire a la réalisation de ce que j’avais en tête. Lorsqu’elles étaient par terre, je me penchais par-dessus, jambes complètement écartées, dans des contorsions parfois étranges et difficiles, pour me permettre de mettre une touche de couleur ou faire une trace exacte en un endroit précis. Dans ces instants je savais pour sur que j’étais moi.
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Marianne
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